Heejeong Jeong

Naked Island de Heejeong Jeong est une vidéo d’animation panoramique qui réinterprète les paysages contemporains à travers le prisme du Sansuwha (Shan Shui, peinture de paysage). L’œuvre vidéo présente un paysage dynamique qui subit des transformations progressives au fil du temps et des saisons – printemps, été, automne et hiver -. Ce qui intrigue dans cette représentation, ce n’est pas seulement le cycle du soleil qui se lève et se couche, des fleurs qui s’épanouissent et se fanent, ou des feuilles qui fleurissent et tombent. Ce sont plutôt les changements subtils mais significatifs qui se produisent : un pavillon traditionnel à la lumière du jour cède la place à un belvédère contemporain la nuit, un complexe d’appartements émerge au sein d’une forêt autrefois dense, un cimetière serein se transforme en une colline désolée, et une aire de jeux où les enfants s’ébattaient autrefois disparaît sans laisser de traces. En effet, peuplé d’images diverses provenant de différents lieux et scènes, le paysage de Naked Island évoque une atmosphère inquiétante et sinistre, laissant aux spectateurs un sentiment de malaise et d’inconfort. Cette juxtaposition d’éléments familiers et inconnus contribue à la création d’une expérience surréaliste et énigmatique, captivant l’imagination du spectateur et l’invitant à contempler les thèmes de l’impermanence, de la transformation et de la nature troublante du changement.

Naked Island sert de métaphore cinématographique au développement décousu et fragmenté de la Corée, reliant de manière transparente des scènes disparates comme les images d’une bobine de film. L’île, dans son cycle perpétuel de transformation, reflète l’évolution rapide du paysage coréen. À l’instar d’un mannequin qui change rapidement de tenue dans les coulisses, de nouveaux bâtiments voient le jour du jour au lendemain, tandis que des boutiques établies de longue date disparaissent sans laisser de traces. Grâce au rythme incessant du développement et du réaménagement, le paysage témoigne d’une multitude d’événements et de bouleversements, façonnant sa forme actuelle au fil des jours et des nuits, des saisons et des vagues de changement. Au milieu de ce tourbillon de progrès, la nature se dresse comme un point d’ancrage résilient, résistant fermement aux assauts du développement. Les montagnes et les eaux de Corée, malgré la construction et la reconstruction incessantes, restent des symboles durables de résilience et de continuité.

– Ho Kyung MOON, commissaire invitée (Agence PLUSMOON)