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Focus – Jeudi 14 mars – 14h
CYLAND est une organisation à but non lucratif fondée en 2007 par des artistes et curateurs indépendants. Nous promouvons l’émergence de nouvelles formes d’art et d’interactions de technologie de pointe en favorisant des connexions professionnelles entre artistes, curateurs, ingénieurs et programmateurs du monde entier et en exposant un public large aux œuvres issues de la robotique, de l’art vidéo, de l’art sonore et de l’art en ligne. Les artistes sélectionnés, qu’ils soient émergents ou établis, locaux ou internationaux, se voient offrir des ressources variées : de la mise à disposition de techniciens et d’équipement au développement professionnel.
Présentation du programme :
L’archive vidéo CYLAND est une plateforme d’étude et de présentation d’art vidéo contemporain. Lancée en 2008, elle donne accès à plus de 600 œuvres vidéo originales par plus de 100 artistes et groupes d’artistes internationaux.
Un des objectifs de l’archive est de construire une plateforme ouverte et accessible, d’empêcher que les œuvres d’art ne se retrouvent enfermées dans des collections privées, et d’éviter que leurs fondements techniques ne devient obsolètes. L’archive est structurée en deux parties : les vidéos en libre accès sur le site internet (sur les pages personnelles des artistes), et la collection hors ligne pour les professionnels, accessible sur demande.
Le contenu de l’archive se divise en deux périodes : de l’analogue au numérique (VHS, miniDV, DVD) sur la période 1986 à 2011, et les œuvres en format vidéo HD à partir de 2011. La collection comprend de l’art vidéo, des films expérimentaux, des œuvres graphiques générées par ordinateur, des animations 3D ou en stop-motion, des vidéos poétiques, de la documentation vidéo sur des projets artistiques et pédagogiques traitant de technologies de pointe.
Site internet : videoarchive.cyland.org
Regeneration
Le programme s’inspire du concept curatorial du 15e Cyfest festival intitulé Vulnerability, avec en ligne de mire la recherche de nouvelles perspectives sur l’ostensible (anti) fragilité des corps humains et non-humains, sur les environnements bio et cyber, sur les passés et les avenirs, et sur les rencontres et les relations avec le monde en transition.
De nouvelles structures apparaissent. Elles s’adaptent à la nature dynamique du monde actuel et s’opposent à la violence. Elles découlent du bouleversement des systèmes traditionnels causé par les cataclysmes sociopolitiques, les éradications, le traumatisme du déplacement et toutes les formes de pertes.
Dans les œuvres sélectionnées pour ce programme, les artistes réexaminent des notions que nous partageons tous : langage, pays, foyer, nature, matière. Pour ce faire, ils déconstruisent et reconstruisent leurs histoires personnelles et autres preuves documentaire par le biais de pratiques performatives, de communication verbale et non verbale, de numérisation ou de modélisation 3D de leur environnement, d’algorithmes d’instruction assistés par ordinateur ou d’intelligence artificielle.
-Victoria Ilyushkina, conservatrice du programme CYLAND Video Archive et des programmes vidéo internationaux Cyfest
Black Swan in Three Variations / Patricia Olynyk & Adam Hogan / 2023 / États-Unis / 3’00
Inspiré par le roman Antifragile de la série Incerto de l’auteur Nassim Nicholas Taleb, et partant de l’idée que les individus peuvent sortir gagnants des événements les plus improbables, ce triptyque et son paysage sonore suggestif proposent trois réflexions sur une sélection d’événements de type “cygne noir” (rares et imprévisibles) : le 11 septembre et ses conséquences, la faillite de Lehman Brothers et l’effondrement des marchés financiers mondiaux, le naufrage du Titanic, et l’avènement récent de ChatGPT. Le score musical étudie plus particulièrement l’imprévisibilité perçue et la notion de variabilité par une composition formée d’algorithmes électroacoustiques et de synthèse granulaire.
Land und Blut / Gohar Sargsyan, Anna Sowa / 2022 / Arménie / 6’00
Animation : Gohar Sargsyan / Son : Anna Sowa
Un manifeste audiovisuel dans lequel le son et l’animation forment une structure interactive complexe. En cette période de globalisation et de conflits armés, de quel concept de “pays” vous sentez-vous le plus proche ? Quel rapport entretenez-vous avec l’endroit qui vous a vu naître ? Êtes-vous attaché à l’environnement dans lequel vous avez grandi ? Quelle influence a-t-il eue sur vous ? Un pays n’est pas un territoire, mais avant tout des personnes qui, malgré leurs différences, partagent une pensée et une histoire communes, fonctionnent de façon similaire et se comprennent entre elles. C’est, au sens propre comme au sens figuré, une famille liée par le sang. Ce sont des gens qui partagent un même rythme de respiration et respirent le même air pollué. Des gens qui font face à une réalité écrasante jour après jour, un ADN commun qui ne peut être modifié.
ARBOR / Maria Kuptsova / 2023 / Autriche / 3’54
ARBOR est une entité cyborganique vivante développée avec des moyens bioartificiels issus de la technologie. Le projet propose une méthode pour déterminer les diverses propriétés que possède un arbre en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique afin d’imprimer sa logique sous forme numérique. C’est un système régénératif dans lequel l’organisme tout entier est vivant, et où le concept de vie englobe à la fois les formes biologique et technologique. Le projet offre une approche d’extraction de l’intelligence des structures de bois organique et réimagine leur cycle de vie en tant que système bioartificiel vivant, au sens cybernétique du terme.
Eksperiment Katja / Éléonore de Montesquiou / 2022 / France, Estonie, Allemagne / 9’25
Musique : Lucy Railton
Katja est née en 1992, issue d’une génération expérimentale de la République d’Estonie. Elle est en flottement, rattachée ni à l’Estonie ni à la Russie. À l’instar du Petit Chaperon rouge, elle s’est libérée des expériences scientifiques et des peurs qu’on lui infligeait. Le film suggère plusieurs métaphores pour décrire le traumatisme du déplacement – depuis le Petit Chaperon rouge jusqu’au mot-clé “expérience”. Localisation : Narva, Estonie.
Braces system / Lidiya Rikker / 2021 / Allemagne / 2’30
Une réflexion vidéo conçue à l’image d’un film d’archive. Le film est construit sur une métaphore visuelle et utilise la juxtaposition ironique. Il parle de la force étrange qui pousse l’être humain à sans cesse se réorganiser, à se mettre en rangs serrés.
Surmatants – Mars Rising / Andrea Stanislav / 2021 / États-Unis / 9’00
Musique : Jesse Gelaznik
Surmatants – Mars Rising est une réponse viscérale quasi élégiaque à la pandémie de Covid-19. Composée en trois actes, l’œuvre est ancrée dans la science-fiction. Elle est empreinte de l’héritage ouvrier des immigrés slaves de Pittsburgh et de l’imagerie de la danse macabre autour de la peste bubonique dépeinte par Bernt Notke dans son tableau Surmatans (1633). L’œuvre suit une trame narrative abstraite imprégnée de cosmisme russe. Une certaine transcendance est suscitée par les compositions musicales de Jesse Gelaznik, associées aux chorégraphies de Željko Jergan et John Harbist exécutées par le groupe de danseurs The Tamburitzans.
La narration symbolise l’ascension vers Mars provoquée par la danse. Cette dernière est menée par une belle danseuse slave montant un cheval blanc, accompagnée d’un chœur de chanteuses qui se transforment en Motanka humaines (poupées vaudoues bienveillantes des pays slaves aux visages recouverts de rubans). Le troisième acte montre les danseurs ressuscités sur Mars – une forme de vision de la résurrection future de l’homme sur Mars.
Their portraits / Alexandra Dementieva / 2023 / Belgique / 5’00
L’œuvre décrite est née d’une collaboration entre l’artiste et une application d’intelligence artificielle appelée Midjourney pour créer des êtres artificiels semblables à des tardigrades. Ces êtres sont conscients et interagissent avec leur environnement de manière singulière, en lien avec leur Umwelt – leur environnement sensoriel subjectif. Lorsqu’ils intègrent un environnement humain, l’expérience étrange qu’ils traversent met en lumière l’importance d’intégrer à la fois la perspective particulière d’un organisme et son expérience subjective dans l’étude du comportement et de l’écologie.
Moon Moth Bed / Virginia L. Montgomery / 2023 / États-Unis / 6’20
Curatrice et fondatrice : Anna Frants
Artiste et curatrice d’art numérique, Anna Frants a créé la fondation culturelle à but non lucratif Cyland Foundation et cocréé le laboratoire d’art numérique CYLAND et le festival CYFEST. Ses installations interactives ont été exposées au Museum of Art and Design (New York, États-Unis), au Video Guerrilha Festival (Brésil), à la biennale Manifesta 10 (2014, Saint-Pétersbourg, Russie), au Musée de l’Hermitage (Saint-Pétersbourg, Russie), au Chelsea Art Museum (New York, États-Unis), au Russien Museum (Saint-Pétersbourg, Russie), au Kunstquartier Bethanien (Berlin, Allemagne), à la Hatcham Church Gallery, Goldsmiths, University of London (Royaume-Uni), au Dartington Estate (Royaume-Uni), à la Ca’ Foscari Zattere Cultural Flow Zone (Venise, Italie), au MAXXI Museum (Rome, Italie), au National Arts Club (New York, États-Unis) et plusieurs autres lieux d’importance à travers le monde. Les œuvres de l’artiste comptent parmi les collections du Russian Museum (Saint-Pétersbourg, Russie), du Museum of Art and Design (New York, États-Unis), du Sergey Kuryokhin Center for Modern Art (Saint-Pétersbourg, Russie) et de la Kolodzei Art Foundation (New York, États-Unis), ainsi que de nombreuses collections particulières.
Anna Frants vit et travaille à Miami, aux États-Unis.